Langues

Les langues parlées à Taïwan : diversité linguistique et identité

Située au carrefour de l’Asie orientale, Taïwan se distingue par une riche diversité linguistique. Si le mandarin est la langue officielle, l’île compte également de nombreuses langues locales et autochtones. Le taïwanais, le hakka et les langues aborigènes font partie intégrante du patrimoine culturel de l’île. Comprendre les langues parlées à Taïwan, c’est aussi comprendre son histoire, son identité et ses dynamiques sociales.

Le mandarin : langue officielle de Taïwan

Le mandarin standard (appelé aussi guóyǔ, signifiant « langue nationale ») est la langue officielle de Taïwan depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Introduit comme langue administrative et éducative en 1945, le mandarin est aujourd’hui parlé par plus de 80 % de la population.

À Taïwan, le mandarin est enseigné dès l’école primaire et utilisé dans les médias, les documents officiels, les services publics et la vie quotidienne. Bien qu’il soit similaire au mandarin parlé en Chine continentale, on observe quelques différences au niveau de l’accent, du vocabulaire et surtout de l’écriture : Taïwan utilise encore les caractères traditionnels, contrairement à la Chine qui utilise les caractères simplifiés.

Le taïwanais (ou minnan taïwanais)

Le taïwanais, aussi appelé hokkien ou minnan, est la langue maternelle de plus de 70 % des Taïwanais. Elle trouve ses racines dans les dialectes du sud de la Chine, notamment de la province du Fujian, d’où sont originaires de nombreux immigrants chinois arrivés à Taïwan aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Longtemps marginalisé sous l’autorité du Kuomintang (KMT), le taïwanais connaît aujourd’hui un renouveau culturel. Il est de plus en plus utilisé dans les médias, la musique, les émissions télévisées et même dans certains contextes éducatifs. Le gouvernement taïwanais soutient sa préservation à travers des politiques linguistiques visant à valoriser les langues régionales.

Le taïwanais se distingue par une prononciation tonale complexe et une absence de système d’écriture standardisé, bien qu’on utilise parfois les caractères chinois traditionnels pour le transcrire.

Le hakka : une langue chinoise minoritaire

Parlée par environ 15 % de la population taïwanaise, la langue hakka est une autre composante essentielle du paysage linguistique taïwanais. Les Hakkas sont une communauté chinoise venue du sud-est de la Chine, ayant conservé une culture distincte au fil des siècles.

Comme le taïwanais, le hakka a longtemps été relégué à la sphère domestique. Cependant, depuis les années 2000, le gouvernement taïwanais a multiplié les initiatives pour revitaliser la langue hakka, notamment à travers des programmes éducatifs, des médias spécialisés (chaînes TV et radios en hakka) et la reconnaissance officielle de la langue comme langue nationale en 2017.

Les langues aborigènes de Taïwan

Avant l’arrivée des Chinois, Taïwan était habitée par des populations autochtones austronésiennes. Aujourd’hui, on recense 16 peuples aborigènes officiellement reconnus, chacun ayant sa propre langue.

Ces langues aborigènes appartiennent à la famille austronésienne et sont d’une importance majeure pour les chercheurs étudiant l’origine des langues du Pacifique. Parmi les langues encore parlées figurent l’amis, le paiwan, le atapatan ou le rukai.

Malheureusement, la majorité de ces langues sont aujourd’hui en danger, en raison de la dominance du mandarin et d’une transmission intergénérationnelle insuffisante. Le gouvernement taïwanais, conscient de cette perte, a entrepris des politiques de revitalisation, incluant des cours dans les écoles, la formation d’enseignants et la documentation linguistique.

Langues étrangères à Taïwan

En plus des langues locales, plusieurs langues étrangères sont présentes à Taïwan, notamment :

  • Anglais : enseigné dès l’école primaire, il est largement utilisé dans les affaires, la technologie et le tourisme. Taïwan souhaite devenir une nation bilingue d’ici 2030.
  • Japonais : en raison de la colonisation japonaise (1895–1945), de nombreuses personnes âgées parlent encore le japonais. Il reste aussi populaire dans la culture pop et l’enseignement supérieur.
  • Vietnamien, indonésien, thaï : en lien avec les travailleurs migrants et les mariages transnationaux, ces langues sont de plus en plus visibles dans l’espace public.

Une politique linguistique en évolution

Depuis les années 1990, Taïwan a adopté une approche plus inclusive envers les langues parlées sur son territoire. La Loi sur le développement des langues nationales, adoptée en 2019, reconnaît officiellement le taïwanais, le hakka et les langues autochtones comme langues nationales aux côtés du mandarin.

Cette loi permet l’usage de ces langues dans les administrations, les écoles, les tribunaux et les services publics. Elle symbolise une reconnaissance politique de la diversité linguistique de Taïwan, renforçant ainsi le sentiment identitaire taïwanais.

Conclusion

Le paysage linguistique de Taïwan est à la fois complexe et fascinant. Si le mandarin reste prédominant, les langues régionales comme le taïwanais et le hakka, ainsi que les langues aborigènes, témoignent d’une histoire riche et d’une identité plurielle. Dans un contexte géopolitique délicat, la diversité linguistique de Taïwan devient un véritable vecteur de distinction culturelle et de fierté nationale.

En valorisant toutes les langues parlées sur son territoire, Taïwan trace la voie vers un avenir inclusif, respectueux de ses racines et tourné vers le monde.