Histoire de Taïwan : des origines à aujourd’hui
L’histoire de Taïwan est marquée par une succession de peuples, d’influences étrangères, de conflits géopolitiques et de luttes identitaires. Située à la croisée des chemins entre la Chine, le Japon et l’Asie du Sud-Est, Taïwan a su façonner une identité unique, nourrie de son passé complexe. Voici un aperçu complet de l’histoire de cette île fascinante, de la préhistoire à son statut contemporain.
Les origines : les peuples aborigènes
Avant l’arrivée des puissances étrangères, Taïwan était habitée par des populations austronésiennes, apparentées aux peuples des Philippines, d’Indonésie et de Polynésie. Ces aborigènes taïwanais sont les premiers habitants connus de l’île, installés il y a environ 6 000 ans.
Aujourd’hui, il subsiste 16 groupes ethniques autochtones reconnus par le gouvernement taïwanais, représentant environ 2 % de la population. Leurs cultures, langues et traditions continuent d’enrichir le patrimoine taïwanais.
Colonisation européenne : les Hollandais et les Espagnols
Au XVIIe siècle, Taïwan entre dans l’histoire mondiale avec l’arrivée des Européens. En 1624, les Hollandais s’établissent dans le sud de l’île, à Tainan, et créent une base commerciale. En parallèle, les Espagnols occupent brièvement le nord de l’île (1626-1642), notamment dans la région actuelle de Keelung.
Les Hollandais développent l’agriculture, le commerce et tentent d’évangéliser les populations locales. Leur domination prend fin en 1662, lorsque Zheng Chenggong (connu sous le nom de Koxinga), loyaliste de la dynastie Ming, chasse les Hollandais et établit un royaume chinois sur l’île.
Taïwan sous la dynastie Qing (1683–1895)
En 1683, la dynastie Qing annexe Taïwan, intégrant officiellement l’île à l’empire chinois. Durant plus de deux siècles, Taïwan reste une province périphérique de la Chine, souvent négligée par le pouvoir central, mais progressivement peuplée par des migrants venus principalement de Fujian et de Guangdong.
Des tensions éclatent régulièrement entre colons chinois, populations aborigènes et les autorités impériales. L’île connaît également plusieurs soulèvements populaires, témoignant d’une administration peu stable.
Occupation japonaise (1895–1945)
Suite à la défaite de la Chine dans la guerre sino-japonaise, le traité de Shimonoseki en 1895 cède Taïwan au Japon. L’île devient ainsi une colonie japonaise pendant 50 ans, période cruciale dans la modernisation de son infrastructure et de son administration.
Le Japon y construit chemins de fer, routes, écoles et hôpitaux, et introduit un système administratif rigoureux. Si l’occupation fut marquée par des politiques d’assimilation forcée et une répression des mouvements indépendantistes, elle a aussi laissé un héritage durable dans l’urbanisme, l’éducation et l’économie.
Après la Seconde Guerre mondiale : retour à la Chine
En 1945, après la capitulation du Japon, Taïwan est restituée à la République de Chine, dirigée alors par le Kuomintang (KMT) de Chiang Kai-shek. Toutefois, la transition ne se fait pas sans heurts : les tensions entre la population locale et les nouveaux dirigeants culminent avec l’incident du 28 février 1947, au cours duquel des milliers de civils sont massacrés par l’armée chinoise.
Cet événement reste un traumatisme majeur dans la mémoire collective taïwanaise et a ouvert la voie à une longue période de répression.
La République de Chine en exil (1949–aujourd’hui)
En 1949, à la suite de la victoire communiste de Mao Zedong en Chine continentale, le gouvernement du KMT se réfugie à Taïwan avec plus d’un million de personnes. Dès lors, l’île devient le bastion de la République de Chine en exil.
Pendant plusieurs décennies, Taïwan est placée sous loi martiale (1949–1987) et dirigée de façon autoritaire par le KMT. Malgré cela, l’île connaît une croissance économique spectaculaire, devenant un « tigre asiatique » dans les années 1970.
Démocratisation et identité taïwanaise
À partir des années 1980, une série de réformes démocratiques transforme radicalement le pays. En 1987, la loi martiale est levée, et les premières élections démocratiques ont lieu dans les années 1990. En 2000, le KMT perd le pouvoir pour la première fois au profit du Parti démocrate progressiste (DPP).
Cette démocratisation s’accompagne d’une montée du sentiment identitaire taïwanais. De plus en plus de citoyens se considèrent comme Taïwanais plutôt que Chinois, alimentant les tensions avec Pékin, qui considère toujours Taïwan comme une province rebelle.
Taïwan aujourd’hui : entre souveraineté et reconnaissance
Aujourd’hui, Taïwan fonctionne comme un État souverain avec son propre gouvernement, sa monnaie, ses lois et ses institutions. Pourtant, la majorité des pays du monde ne reconnaissent pas officiellement Taïwan en raison de la politique d’« une seule Chine » défendue par Pékin.
Malgré cela, Taïwan joue un rôle important sur la scène internationale, notamment dans les domaines de la technologie (leader mondial dans la production de semi-conducteurs), de la démocratie et de la santé publique.
Conclusion
L’histoire de Taïwan est une mosaïque complexe d’influences culturelles, de dominations étrangères et de résistances locales. D’île colonisée à démocratie florissante, Taïwan a su forger son propre chemin. Aujourd’hui, son passé riche et tumultueux continue d’alimenter les débats autour de son avenir géopolitique et de son identité nationale.